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Matin tendresse
Je n'avais pas envie de me lever ce matin, j'étirais indéfiniment les derniers instants entre sommeil et éveil, somnolant dans la pénombre sous la couette tandis que l'Homme se préparait pour déposer les garçons à l'école.
Je n'arrivais pas à me lever, d'ailleurs je n'ai pas entendu le moment où la radio s'est allumée à l'heure choisie, seules des bribes de musique et d'infos me parvenaient de loin en loin dans mon demi-sommeil. La maison se réveillait, des bruits étouffés me parvenaient mais je n'arrivais toujours pas à émerger totalement.
C'est là que Numéro3 est arrivée, en pyjama, cheveux en bataille, visage tout chiffonné, traînant à sa suite son ours-doudou. J'ai ouvert un oeil puis ai soulevé doucement la couette pour lui permettre de se glisser à côté de moi, tout contre moi. "Hmmm c'est bon, c'est tout chaud" dit-elle en collant ses pieds glacés contre mes cuisses. J'écarte les mèches de cheveux qui recouvrent son visage et embrasse ses joues rebondies. Et on bavarde doucement toutes les deux.
Soudain elle s'exclame: "oh, Papa est tout nu" il sort de la douche et vient de passer dans la chambre pour prendre ses vêtements. Nous faisons mine d'être effrayées et rabattons la couette sur nos yeux pour mieux rire sous cape. Puis nous reprenons notre conversation: les pestes de sa classe qui lui ont encore cherché misère au match de foot pendant la récré, les mots réconfortants du capitaine de l'équipe ("t'inquiète, de toute façon c'est toujours toi que je prendrai dans mon équipe"), le glissement de fonction de défenseuse à attaqueuse pour une sombre raison de sortie de ballon et de faute de main. Les garçons arrivent, ils ont terminé leur petit déj' et nous disent au-revoir avant de partir à l'école. Un bisou ému du papa, la porte se referme sur le silence, la maison est à nous.
Nous nous levons enfin et rions de nos têtes dans le miroir. Un coup de brosse dans les cheveux de maman, puis un coup de brosse dans les cheveux de Numéro3, on s'amuse d'un rien.
Chacune va s'habiller, rendez-vous à la table du petit déjeuner, la première arrivée a gagné. Et nous constatons que les hommes de la maison ont pillé le pain, ne reste qu'une vieille croûte. Hors de question d'en faire notre repas: tandis que le café coule nous déballons le pain d'épice. Des tranches moelleuses au miel arômatisées à la canelle, nous adorons cela toutes les deux. Nous continuons la discussion sur l'équipe de foot de l'école sous les yeux attentifs du chat venu rejoindre le clan des filles à table.
Au moment de débarrasser, une chanson de Cabrel retient notre attention. Je monte le son et nous voilà en train de danser un rock endiablé dans la cuisine, à grand renforts de mouvements aléatoires et de figures improbables. Eclats de rire. Mais ne traînons pas, la maman de C. va nous attendre sur le parking de l'école, elle va finir par prendre racine avec le sac de sa fille que l'on héberge pour tout le WE. "Tu te rends compte si elle prend racine? Elle va devenir un arbre à vêtements et on ira faire la cueillette tous les étés avec de grands paniers à linge". Ma fille hurle de rire. Et saute de joie à la perspective de passer tout un WE en compagnie de sa grande copine.
Nous sommes arrivées à l'heure à l'école, et même un peu en avance. J'ai récupéré le sac de C., déposé les deux fillettes à l'école en compagnie de sa maman, le retour à la maison est un peu étrange, les lieux me semblent vaguement vides. Mais dès ce soir, quatre enfants seront là pour imprimer leur rythme: je suis certaine qu'on ne va pas s'ennuyer!
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