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Petits riens

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19 mai 2011

L'au-delà de moi

La semaine dernière, j'ai visité le Musée Magritte.

 Magritte_TheFalseMirror_oeil_danse

D'emblée, j'ai été frappée par la "déconstruction" transmise par le peintre à travers son oeuvre. Partant du postulat de départ : le mot n'est pas l'objet, l'objet ne vaut que pour sa représentation personnelle, c'est tout un rapport à la réalité que Magritte réinvente.

Avec lui je me suis efforcée de briser les limites de la conscience pour explorer cet ailleurs qui m'est si inhabituel. Par l'intermédiaire de ses thèmes récurrents comme les portes qui ouvrent sur l'onirique, le déconstruit, le rêve.

magritte_rene_la_victoire

 

Avec lui je m'interroge sur mes propres limites. Je réalise que je suis très dépendante des règles sociales, des contraintes rationnelles. Là où il s'est moqué des conventions en refusant de donner un titre à ses oeuvres, je m'appuie sur elles, sur ces conventions, pour structurer ma vie. Et ce, depuis toujours.

Or, pour l'avoir déjà exprimé souvent sur ce blog, j'étouffe dans une vie trop étriquée pour moi, dans un couple trop réduit. La faute à moi, avant tout, évidemment. A la façon dont je suis construite, à la façon dont j'entretiens mes limites, à la façon dont je bâtis sur elles. J'étouffe dans un monde trop petit pour moi, alors que j'ai conscience maintenant d'un ailleurs infini, illimité, dont les seules balises sont l'imagination.

magritte2

Depuis quelques années, j'essaie d'explorer cet ailleurs, cet "au-delà de moi". Par le jeu, principalement. Le jeu qui permet, protégé par ses propres règles, de ne pas interférer trop dans la réalité, de ne pas remettre trop de choses en question. Grâce au jeu, je peux essayer différentes vies, en imaginer le ressenti, explorer des rôles, des relations, avec des partenaires virtuels. C'est bien, c'est propre, ça ne mange pas de pain. Pas de danger pour ma vie réelle car les mondes restent bien hermétiques les uns aux autres. Enfin... c'est ce qui est voulu au départ, parce qu'arrive parfois un moment où on se retrouve à la frontière et là... gare aux turbulences...

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6 mai 2011

3 ans

3 ans de pause blog non préméditée...

J'ai fêté mes 40 ans dans l'indifférence générale, principalement la mienne. Je pensais que ce serait un cap important à passer et finalement il ne l'a pas été. Peut-être ai-je fait en sorte que cela ne le soit pas. Dans tous les cas, c'est déjà de l'histoire ancienne.

De nouvelles amitiés se sont nouées, d'anciennes se sont défaites, parfois avec regret. J'ai trouvé des réponses à certaines de mes questions, d'autres se sont posées. La séparation, le divorce de couples proches ont réactivé énormément mon questionnement.

Un bébé n'est pas né. Et plus aucun ne naîtra de moi. Sinon comment pourrais-je rester en cohérence avec moi-même...

Je me suis découvert des capacités à travers l'écriture, dans des échanges très très particuliers.

Une année verte, une année bleue, une année orange selon les pochettes des dossiers. Et l'année grise est bien entamée. Ce matin, un monsieur "bleu" a succédé à un monsieur "gris" dans un choc d'univers, et j'aime ça. J'aime ce métier.

Des vacances au paradis, mais je l'ai bien payé. Pourtant je ne regrette pas. Mais suis-je prête à recommencer ?

Les enfants grandissent et bousculent sans arrêt notre équilibre, nos certitudes. Quand on y pense, on se dit que l'on grandit en même temps qu'eux et c'est assez fou comme idée ! J'aime ce qu'ils deviennent, j'aime moins ce qu'ils font de moi, à savoir marquer mon âge et ouvrir tout un champ de questions sur l'avenir.

3 ans de pause, et pourtant, voilà que j'ouvre à nouveau ce lieu fermé. Pressée par les mêmes besoins que ceux qui m'avaient poussée à le créer : celui d'une rencontre avec moi-même, celui de repousser un peu mes limites, celui de m'empêcher d'étouffer...

5 mai 2011

Question

Doit-on obligatoirement attendre de son mari qu'il nous comble ?

23 avril 2008

Le cirque

Le cirque était arrivé sur la place de du village. Ses roulottes rouges entouraient un chapiteau en cours de montage. J'ai eu du mal à trouver une place où laisser ma voiture pour me rendre à l'église. Devant les portes ouvertes attendait déjà mon père. Ma mère était à l'intérieur afin de s'asseoir pour soulager ses douleurs. Je décide de tenir compagnie à mon père tout en priant mentalement pour trouver quelque chose à lui dire. Les circonstances étaient certes exceptionnelles mais même en temps normal je suis incapable de trouver les mots avec lui. Heureusement mon frère nous rejoint très rapidement ainsi que ma belle-soeur. Et c'est à quatre que nous attendons l'arrivée du cercueil de ma grand-mère.

Mon oncle arrive alors, vieilli, marqué. Tout voûté, mal rasé, l'oeil hagard. Je le salue d'une voix tremblante d'émotion, cela fait une dizaine d'années que je ne l'ai plus vu. Il est mon parrain, celui pour lequel je nourrissais une affection incommensurable lorsque j'étais enfant. Mais il ignore mon salut, il m'ignore tout entière et me passe devant pour entrer dans l'église "trop froid je rentre !" lâche-t-il à mon père. Il n'attendra pas l'arrivée du corps de sa mère avec le reste de la famille. Il ne renouera pas avec nous. Tant pis.

Le cercueil arrive enfin, le prêtre nous accueille dans son église. Très cérémonieusement il commence son discours. Il parle de l'amour de la femme allongée dans le cercueil, celui qu'elle avait pour ses proches, celui qu'elle avait pour la vie. Risible ! Cette femme qui repose enfin s'est nourrie de sa méchanceté tout au long de sa vie. Destructrice envers les autres et envers elle-même, elle a fait de la vie de ses fils un véritable gâchis, surcouvant l'aîné et rejetant régulièrement le cadet. Le premier ayant renoncé à se marier pour emprunter des voies plus marginales, le second passant sa vie à essayer de se faire aimer de sa mère et à ne pas se laisser atteindre par ses nombreux refus. Sans compter toutes les fois où elle a renié ses petits-enfants.

Le prêtre parle et s'écoute pérorer. La réverbération est immense dans cette église, encore accentuée par le micro et les nombreux haut-parleurs. Nous ne sommes pourtant qu'une toute petite vingtaine dans l'assistance, certains ne devant leur présence qu'au hasard, d'autres à un lien affectif avec un membre de la famille. Tous doivent se demander ce qu'ils font là, pour ma part je livre un combat interne, j'espère que l'hypocrisie de ma présence se laisse défaire par une forme de solidarité familiale, renforcée par les conventions. Méconnaissante des usages en matière de cérémonie religieuse, je regarde autour de moi pour commettre le moins d'impairs possible, je lui dois au moins cela à cette femme que je choisis d'accompagner pour son dernier voyage alors que ces dix dernières années se sont écoulées sans elle. Je suis mal avec moi, mal avec ma conscience, mal avec ma famille.

La messe se termine, nous nous dirigeons vers le cimetière. Je constate alors que mon oncle, le fils aîné tant adoré, jette l'éponge et se tire en douce. Tant pis, je ne pourrai pas profiter de notre rencontre presque accidentelle pour lever le malaise avec lui. D'autres personnes, moins impliquées, choisissent de rentrer chez elles. Nous ne serons donc qu'une toute petite poignée de gens à accompagner le cercueil dans sa dernière demeure. Je redoute le jugement des employés des pompes funèbres, presque plus nombreux que nous. En cinq minutes tout est dit, tout est fait. Une rose blanche déposée sur le cercueil, je cherche mentalement quelque chose de la vie de cette femme que je méconnais auquel je pourrais adresser mon respect. Et faute d'avoir trouvé, je lui souhaite de connaître une meilleure vie là-bas qu'ici.

Lundi j'ai enterré ma grand-mère, qui s'est éteinte à l'âge de 98 ans, trois années après que son âme l'ait quittée pour le monde des esprits. Lundi il y avait un cirque sur la place au pied de l'église. Mais lundi, le cirque était aussi à l'intérieur de l'église.

15 avril 2008

Je vous prête mes mots

Je vous ai aménagé un espace dans ma maison. J'ai choisi des couleurs lumineuses sur les murs, des fauteuils confortables et variés, une décoration discrète et un éclairage doux pour que vous vous sentiez bien. J'ai créé ce lieu comme un espace de parole, de confidences, de travail intérieur. Asseyez-vous, détendez-vous, laissez-vous aller. Je vous écoute.

Vous parlez et je mets à votre disposition mes outils d'écoute active. J'entends vos mots et vos silences, j'accueille vos larmes et vos colères, je reçois vos émotions. Ne vous préoccupez pas de la forme, qu'elles soient en vrac ou plus ou moins canalisées, nous ferons le tri le moment venu.

Lorsque j'en ressens l'intérêt, je vous prête mes mots. Prenez-les en tout ou en partie, triturez-les, tordez-les, façonnez-les ou rejetez-les, faites-les vôtres ou rendez-les moi pour ce qu'ils sont, de simples mots, des incitants à l'expression, des propositions personnelles et subjectives. Que vous les amplifiez ou les minimisiez, que vous les tronquiez ou les transformiez, ces mots de votre bouche témoigneront de vous, de votre construction, de votre cheminement.

Vous parlez et je me laisse porter par le son de votre voix, par les gestes qui l'accompagne, par mes propres pensées. Je déroule le fil de votre discours, je m'interroge sur les zones laissées dans l'ombre, je réfléchis au projecteur que je vais allumer tout à l'heure sur un point particulier. Avec vous je fais des liens, je décale un peu l'angle de vue, j'apporte du relief. Vous parlez et j'élabore, à votre tour vous élaborez, votre créativité me cueille, l'inattendu surgit et j'interprète. Ou je me tais et je m'émerveille en silence.

Puis au terme de la séance, j'attends le moment fort pour rompre le rythme, je coupe là, lorsque la boucle est ouverte sur une multitude de questions. Afin qu'elles restent en suspens comme autant de pistes de réflexion. Jusqu'à la prochaine fois.

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31 mars 2008

Une petite flamme s'éteint

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Mon univers virtuel ne sera plus jamais tout à fait le même...

18 mars 2008

Il y a trente ans, Clo-Clo

5099751788027Je ne me souviens plus comment j'ai appris la mort de Claude François, mais je sais que je l'ai ressentie. Nous n'avions pas la télévision à la maison et la radio que nous écoutions parfois était réglée sur une station qui n'émettait pas dans ma langue. Mes parents avaient des principes, le premier d'entre eux était que la télévision pervertissait la jeunesse en la détournant d'activités plus culturelles comme la lecture, le second consistait à rejeter en bloc ce qui faisait la mode et l'air du temps. Les musiques et artistes du moment n'avaient pas le droit de cité dans mon univers familial, la radio était choisie pour diffuser de la musique country ou des réarrangements (foireux) de vieux standards américains et des infos dans une langue que je n'ai apprise que bien plus tard.

Je ne sais pas comment la nouvelle de la mort de Clo-Clo a franchi la forteresse de mon ignorance forcée. J'ignore même si, à l'époque, j'avais pleinement conscience de qui il était et de la trempe de cet artiste, de l'impact qu'il avait sur la société. Mais pourtant, je sais que j'en ai été informée. Peut-être dans la cour d'école, peut-être en entendant la radio quelques jours plus tard chez une copine, vraiment je n'arrive plus à me souvenir. Mais je percevais à l'époque les remous émotionnels provoqués par sa disparition.

J'avais 10 ans et ne connaissais rien au monde de la variété, des chanteurs et chansons prisés par mes petits camarades. J'étais une étrangère dans mon pays, dans ma société. Nous avions un tourne-disque à la maison avec quelques vinyles de Tino Rossi, de chants de Noël et de comptines pour enfants, mais rien de ce qui faisait vibrer mes copines et leurs grandes soeurs.

Un jour pourtant, était-ce longtemps ou peu après je ne m'en souviens pas, un disque de Clo-Clo a fini par arriver jusqu'à moi. Ai-je fait le lien avec sa mort en l'écoutant, je ne pourrais en jurer. J'ai découvert quelques-unes de ses chansons les plus populaires et ai appris à les apprécier. Mais je ne saurais décrire le choc que j'ai eu en écoutant "Le Mal Aimé".

Jusque-là je n'avais qu'une perception très globale des chansons, encore maintenant d'ailleurs, je me laisse surtout séduire par la mélodie et l'ambiance, je ne découvre les mots que bien longtemps après qu'ils me soient rentrés dans l'oreille. Il faut même parfois que je les fredonne machinalement pour que je finisse par me laisser envahir par le texte. Comme si, avant de me l'approprier, il fallait que la chanson franchisse les murs de mon indifférence ou de mon incapacité à être en phase avec le monde. Mais cette chanson-là est sans doute la première à avoir traversé ma forteresse, et elle m'a percutée de plein fouet.

J'ai été sciée de découvrir dans le texte du "Mal Aimé" des mots qui collaient si parfaitement avec mon état d'esprit des jours de mes gros cafards d'enfant. Je me sentais en résonnance parfaite avec l'état d'âme décrit dans la chanson. Qu'un adulte exprime si bien ce que je ressentais m'a ouvert tout un champ de réflexion, un champ de possibilités. Je me suis sentie moins seule dans ce que j'éprouvais le plus grand mal à raconter, que ce soit à mes copines avec lesquelles, craignant leur rejet, j'étais fort peu à l'aise et avec mes parents qui ne prêtaient jamais l'oreille au quart de début de pareille confidence.

Entendre cette chanson, la comprendre vraiment a été un bouleversement pour moi. Un réel bouleversement. Bien au-delà je pense de l'annonce de la mort du chanteur.

J'avais 10 ans lorsqu'il est mort et les hommages qui lui sont rendus pour le trentième anniversaire de sa disparition me replongent dans mon passé. J'entends à la radio ce que l'on disait à l'époque, une rediffusion d'un reportage in situ, au pied de son immeuble, les fans qui crient leur désespoir, qui pleurent d'un vrai chagrin et qui tentent de mettre fin à leurs jours. Trente années se sont écoulées et je m'imprègne de l'événement comme une adulte. Et à côté de moi ma fille, 10 ans, me pose des questions sur ce qu'elle entend. Je lui dis: j'avais ton âge, tout juste ton âge; tu entends là quelque chose que j'entendais aussi dans mon enfance. Et soudain, au travers de la mort de Clo-Clo, un pont se bâtit entre nous par-delà les années qui nous séparent.

La tempête a cessé, les vents auront soufflé deux jours durant, me laissant dévastée comme un champ après la bataille. Heureusement sans trop de dégâts. Un peu de ménage, un coup de balai pour chasser les vieux démons et les renvoyer là d'où ils n'auraient jamais dû sortir, et je raccroche à ma vie. Je vais bien.

10 mars 2008

La tempête

Le vent monte et me bouscule. Les arbres ploient, les vitres sifflent, ma colère bout. Le vent fait rage, je me sens en vrac. Le cafard m'inonde, je me sens si moche, si tristement inutile à essayer de remplir une journée vide par de vaines bêtises, des artifices qui ne font illusion que pour les autres. Incapable je suis de faire quelque chose du temps qui passe, à part fuir ce sentiment de gâchis, d'inexistence. Je flotte au-dessus de la vie, je gaspille mon temps pour ne pas avoir à faire face à mes responsabilités.  Le vent souffle, la pluie flagelle les fenêtres, mon dégoût me chavire. Je suis en colère contre moi-même, je suis désespérée de cette agressivité qui s'étale partout où je pose le regard, je suis en discorde avec mon entourage. La tempête se déchaine au-dehors et en-dedans, les objets que j'ai eu la flemme de rentrer se mettent à tourbillonner sur la terrasse et à heurter les murs. Je ne trouve pas le courage de reprendre les choses en main, impossible de recommencer la bataille contre les kilos qui, lassés d'avoir été chassés, reviennent s'accrocher à mes hanches. Mes cheveux ont décidé de me pourrir la vie, ça fait des semaines que je n'en peux plus de leur refus de se discipliner. Je déteste la coiffeuse qui m'a fait cette tête-là, je la déteste encore plus d'avoir massacré le joli carré de ma fille en lui donnant cet air horrible de petite trisomique. Et je me déteste d'avoir le coeur écrasé en regardant ma puce, visage plat et yeux en amandes, presque pas de nez, petite bouche cerclée de fer, supportant courageusement son nouvel appareil dentaire. Je me sens mal dans ma peau, mal dans ma vie, mal dans mon monde. Je caresse distraitement le chat et me laisse submerger par l'envie de me laisser aller, tout doucement, vers ce fond qui m'aspire.

Je sais que mes cafards durent en général le temps d'une tempête, parfois quelques heures, parfois quelques jours. Et que lorsque le vent sera calmé j'aurai rassemblé de quoi relativiser, retrouvé un peu de mesure, je me serai secouée. La vie aura repris le dessus, j'aurai fait taire le monstre, je serai arrivée à faire semblant et à fermer les yeux sur ce qui les brûle, là, tout au fond, lorsque j'essaie de le regarder en face.

10 mars 2008

Pause café

Il passe, s'arrête, je lui propose un café. Il hésite puis capitule. S'assied à table et se met à l'aise tandis que je prépare les tasses. Il parle, raconte, parle encore. Je m'assied en face de lui, et mes mains entourant la tasse brûlante, je l'écoute. Il enchaîne les mots, plaisante, sourit, confie. Et tandis que je lui prête l'oreille me vient une réflexion: nous n'avons décidément pas le même temps. Chez moi les mots mettent longtemps pour mûrir et affleurer, le temps que je me sente bien, le temps que je m'installe. Lui, toujours sur le point d'être en retard, toujours en train de partir, il n'a pas le temps. Il parle, j'ai tant de choses à lui dire que je ne sais par où commencer, je le sais le compte à rebours est engagé, vite il faut que je dise, je me tais, le temps n'est pas encore venu.

Je ne lui parlerai pas de moi. Je ne confierai pas les décisions difficiles que je m'apprête à prendre. Je ne lui raconterai pas ces derniers mois, les dernières nouvelles. Je ne m'attristerai pas avec lui de cette certitude qui me vient que je suis en train de tourner la page, à regrets. Je sais que la situation est sans issue, le retour en arrière impossible, je sais que ce qui a été ne sera plus, plus jamais. Je sais que je suis en train de prendre mes distances, celles qu'il a déjà prises il y a des mois et des mois. Et désormais je comprends que lui parler sera toujours impossible, il ne peut pas donner le temps qu'il me faut. Je resterai avec mes questions, mes déceptions et mes espoirs, mes confidences amicales bloquées tout au fond de moi.

Je l'écouterai sans que cela n'apaise jamais mon désir de partager avec lui. Je l'écouterai tout en m'éloignant. D'ailleurs je le laisse là, à table, devant sa tasse de café qu'il se dépêche de vider. Il est midi, la pause a duré moins de 15 minutes, il est en retard, il se hâte vers la porte. Je regarde ma tasse, j'y ai à peine touché, je n'ai pas eu le temps.

Aujourd'hui je ne lui ai pas parlé.

Je crois bien que je ne lui parlerai plus.

5 février 2008

En cinq jours

En cinq jours, j'ai :

  • reçu un patient
  • refusé de signer un bail trop compromettant
  • vidé entièrement mon cabinet
  • rapatrié mes consultations chez moi
  • acheté de nouveaux fauteuils et des cadres photo
  • peaufiné mon nouvel espace professionnel et aménagé la salle d'attente dans le couloir
  • tiré des cables pour déplacer la télévision des enfants dans un placard
  • fait appel à mon frère pour seconder l'Homme dans l'étape la plus lourde du déménagement
  • confectionné en quatrième vitesse un gâteau au chocolat en apprenant que mon frère viendrait accompagné de sa petite famille
  • fait un jeu de casse-briques avec mon filleul, sa menotte sur la souris, ma main par-dessus - 'tention la balle va tomber...
  • aidé l'Homme à faire des trous dans les murs pour placer des cadres photo
  • élaboré un menu trois-plats pour 10 personnes
  • mis les enfants à contribution pour les deux desserts
  • reçu un couple d'amis et leurs trois enfants
  • fabriqué de nouvelles cartes de visite avec la modification de l'adresse pro
  • emmené les enfants à la patinoire
  • chaussé des patins trop petits pour moi et essayé de tenir sur la glace sans tomber - fait de gros progrès
  • succombé à une séance de judo-chatouilles sous la couette avec Numéro3 dans la pénombre du petit matin
  • été au resto avec l'Homme pour un dîner improvisé - grisée par l'apéritif, déçue par le dessert, joyeuse en sortant

En cinq jours j'ai pris ma liberté, me suis repliée dans ma maison, ai transformé les lieux, suis allée définitivement de l'avant. Le tout tandis que la vie ordinaire suivait son cours, avec ses grandes joies et ses petits défis.

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