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Petits riens
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10 novembre 2006

Coup de cafard

Je l'ai vu arriver de loin, comme une énorme pierre qui dévalait une montagne dans ma direction. Je l'ai vu accélérer en se rapprochant, fondre sur moi, me prendre de plein fouet et m'écraser de tout son poids. J'ai le cafard bref mais intense. Et celui-là était assez puissant.

Je crois que je dois sa survenue à la baisse de mes défenses de ces quelques derniers jours. Ces murs de protection que ma peur, mes peurs, m'avaient obligée à dresser autour de moi depuis des années, ces murs, je suis en train de les détruire petit à petit. Et là, je me trouve face à la réalité, les faux-semblants s'effacent, et je touche du doigt quelque chose, quelque chose de terrifiant que je ne peux pas nommer...

La première idée construite qui finit par s'imposer, c'est que je ne peux plus vivre sans un travail. Sans travail, je n'ai plus d'occasions de me "botter les fesses", de me dépasser, d'aller au-delà de limites de plus en plus étroites. Je n'ai plus rien pour aller à l'encontre de mon inertie, plus rien pour me distraire d'un certain sentiment de vide. Ma vie est entre parenthèses, faite de grands leurres, de petites tromperies et d'arrangements avec la vérité. Mon univers relationnel se réduit aussi, des amitiés anciennes font leur chemin et celles qui finissent par s'éteindre tout naturellement ne sont pas remplacées par de nouvelles. Mes capacités se rouillent à force d'être sous-employées, ma mémoire m'échappe de plus en plus, je sens que je décline. Le temps file et je ne le rentabilise pas; pire: je n'en fais rien de spécial. Finalement, vivre passe vraiment pour moi par le fait de travailler, ne serait-ce que pour retrouver un rythme et des défis à relever.

Voici ce que le fait de m'investir dans cette offre d'emploi m'a amenée à entrevoir. J'hésitais à y croire au début, et pourtant, j'avais mes chances. J'ai été retenue avec 4 autres personnes sur la soixantaine de départ et j'ai passé toutes les étapes jusqu'à maintenant. Je me suis rendue à l'entretien en étant convaincue que c'était jouable, et que le boulot pouvait fort bien être pour moi. J'ai pris le risque de me jetter à l'eau, pris le risque d'y croire, pris le risque de l'échec. Et là, comme un retour de manivelle, le sentiment que, si jamais ça ne marche pas, si jamais... Serais-je à même de l'assumer?

Bon, en fait et tout bien réfléchi, oui je l'assumerai. J'ai encore des tas de faux-semblants très rassurants derrière lesquels me retrancher en cas de besoin. Je sais que je ferai face et que je me construirai avec cette expérience. Et après tout, dans l'hypothèse où ma vie professionnelle serait bel et bien finie dès maintenant, je peux toujours m'efforcer de vivre autrement, de combattre le vide par d'autres moyens. Le problème n'étant pas l'absence de travail, mais ce que mes peurs m'imposent de faire pour ne pas avoir à les affronter.

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Commentaires
L
La vie active comme on la nomme parfois n'est pas un fin en soit on nous "moule" pour nous faire croire que sans emploi on est n'est pas sociablement "normal", que tout ça est un leure !!!etre un humain digne de soit est déjà un exploit ( et je vois que tu le sens)si tu le veux ce boulot il te le faut ça je ne dis pas le contraire mais croire que c'est la condition sinéquanone ( heuu c'est du phonétique j'ai pas fait latin merci de votre compréhension) que nenni !!!! A chacun sa voie y en a des directes et des avec méambres ( et des comme la mienne toute en zigzag retour sur pas etc...)Je te souhaite d'etre heureuse avec toi meme.....
L
Croire en soi, savoir que l'on peut le faire. Même si ce n'est pas vrai, mais c'est un défi que l'on se lance, un "Cap' ou pas cap' de me lancer à l'eau?"<br /> Plus tard, si on n'y arrive pas, on aura essayé (quelle fierté!), et si on perd, on aura un gage, mais rien n'empêche de recommencer: il y a la revanche, la belle, et puis après on recommence une nouvelle partie... <br /> Quoi de plus jouissif que de gagner un pari, et d'être satisfait d'avoir réalisé ce que l'on avait envie?
O
Reprenons, je pense que même si cet entretien échoue, cela ne signifie pas forcément la fin de ta vie professionnelle.<br /> Ensuite, comme tu le dis si bien, au pire, si tu ne trouves pas un boulot dans le vrai sens du terme, tu n'as pas possibilité de t'investir dans des associations en tant que bénévole. <br /> Avec un tempérament pareil, je suis certaine que tu es passionnée par quelque chose et que cela pourrait te convenir de te plonger dans une cause à corps perdu.<br /> <br /> En même temps, je comprends vraiment ton besoin de bosser pour te sentir vivre. C'est vrai qu'un boulot peut être aliénant, stressant, envahissant mais comme tu le dis si bien, il te pousse dans tes retranchements, il t'amène à te creuser les méninges, à cotoyer du monde, à créer des liens, à rencontrer de nouvelles têtes, à te bouger quoiqu'il arrive.<br /> <br /> Ne cafarde pas trop, cela me peinerait.<br /> J'ai envie de te sentir sourire, et rire et envoyer bouler cette pierre qui est descendue de la montagne du desespoir!<br /> <br /> Bises ma belle, courage!
C
Il me semble que tu es vraiment quelqu'un qui l'air de rien a une forte personnalité, toi!<br /> Cela me plait tiens!!!
S
Ta lucidité est loin d'être désabusée... tu es pleine de vie et d'envie et malgré ton cafard, que je comprends fort bien, je te sens prête à déplacer des montagnes.<br /> Je te souhaite tant de bonnes choses...
Petits riens
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