J'avance

Un trait de caractère important que j'ai fini par déceler chez moi au travers des regards des autres, c'est la passivité. Moins réactif que moi, c'est pas compliqué, c'est la plante verte... et encore. Dire que je suis lente à la détente est encore un euphémisme. Des projets, j'en ai parfois. En projet. Ce que je mets en pratique est bien plus rare; en cause, la lenteur du mûrissement. Je cogite, fignole, rature et recommence. Je laisse passer du temps. Puis je reprends la réflexion, en modifie l'angle de perception, ajoute des données, en retranche d'autres et étudie le résultat. Puis laisse passer du temps. Ensuite, lorsque je commence à me dire que, oui, c'est faisable, il me faut encore le temps de rassembler le courage d'oser. Entretemps, à chacune des étapes, j'ai eu l'occasion de laisser tomber plusieurs fois. Mais une fois lancée, il devient très difficile de m'arrêter ou même de me détourner de mon but. Quelqu'un m'a d'ailleurs un jour proposé l'image d'une torpille, ce qui me convient assez.

Cette passivité monumentale est sans doute une des raisons aux cinq années qui se sont écoulées depuis que je ne travaille plus. Je me rends compte que cette période semble exceptionnellement longue aux gens de mon entourage lorsqu'ils s'imaginent dans cette situation. Moi, j'ai simplement laissé couler le temps. J'ai mûri et abandonné quelques projets, j'ai cherché de l'énergie et du courage et puis... Mais en fait non, je n'ai pas renoncé.

Il se trouve que, contrainte et forcée par les nouvelles lois, il faut que je puisse témoigner dans très peu de temps d'une certaine activité dans la recherche d'emploi. Je savais depuis le début de l'année que je serais dans le collimateur du gouvernement à cet égard-là et j'ai donc entrepris de me euh... mobiliser un peu. Contrainte et forcée, certes, mais peut-être était-ce le déclic dont j'avais besoin pour m'atteler à la tâche.

Pour l'instant, j'ai docilement suivi les diverses réunions d'information et me suis présentée aux entretiens afin de monter mon dossier pour l'organisme de contrôle. J'ai revu mon CV, l'ai modelé à l'air du temps avant de le déposer en ligne sur différents sites de recherche d'emploi. Je scrute les petites annonces, sans grand succès pour l'instant car peu sont conformes à la spécificité de ma formation. Et, sur les sages indications de mon "conseiller en accompagnement", j'ai commencé à envoyer des candidatures spontanées autour de moi.

Hier, j'ai même postulé en réponse à une petite annonce pour un job à un saut de puce de chez moi. C'est à la limite de ce que je peux faire, c'est à dire que le travail ne requiert pas la totalité de mes compétences et ne me permettra sans doute pas de toutes les valoriser. Cependant, ces inconvénients pourraient éventuellement céder le pas sur les avantages tels que la proximité, la flexibilité des horaires et, peut-être, le salaire.

Mais voilà, les enfants ont un doute. Tandis que Numéro2 me donnait de bonnes chances de décrocher le job en raison de ma sur-qualification, Numéro1, plus pragmatique, me confiait qu'il pensait que le travail serait attribué à quelqu'un n'ayant pas d'enfant. Je n'ai pas eu le temps de relever (il aborde souvent les questions épineuses lors des trajets en voiture, quand il sait que mon attention est mobilisée par la route...) mais il va certainement falloir que je revienne sur le sujet de son éventuel sentiment de culpabilité.

En tout cas, il paraît de plus en plus certain que j'avance.

La râlerie du jour: contre les stylos-plume qui coulent, et qui obligent Ma Princesse à faire des grosses taches sur ses cahiers et à son instit de les pénaliser. Et contre les noms composés dont on ne sait jamais comment ils doivent être "pluriélisés".

Le coup de chapeau du jour: pour cette gentille agent de police qui fait traverser les enfants devant l'école de Numéro2 chaque matin. Depuis plus d'un an que je la vois, elle a tous les jours le sourire et systématiquement un mot gentil pour les mômes.

La petite phrase du jour, glânée sur un forum de discussion: "ma fille de 3 ans a déjà mordu 2 autres filles dont sa cousine, il parait que c'est une preuve d'amour mais je prefererais qu'elle fasse un bisou".

Je suis très sensible aux petits bijoux de poésie, de naïveté et de justesse contenus dans ces perles involontaires.

Comments

[Le Chat qui Pète]

"Moins réactif que moi, c'est pas compliqué, c'est la plante verte"

Excellent !

(Aparte : est-ce que tu pourrais aller dans la config de ton blog et mettre en service la publication RSS. Ca permettra d'être au courant des mises à jour - c'est dans paramètres / syndication - Merci !)