La séduction

Mon problème avec la séduction n'est pas nouveau, je crois même que je peux le faire remonter à l'adolescence où ma mère, pourtant elle-même assez corpulente, soulignait avec mépris ma prise de poids. Ou même à l'enfance quand elle disait que je n'avais ni n'aurais pas d'amis puisque je n'étais pas "aimable".

Aussi lorsqu'ado je regardais les couples se faire et se défaire à coups de flirts, j'avais compris que ce petit manège-là n'était pas pour moi. Lorsqu'un garçon m'approchait, je savais pertinemment que c'était par intérêt pour ma copine, une grande rousse très jolie mais encore plus coincée que moi. Et s'il continuait à faire partie de notre "cercle", c'était plus parce qu'avec mon humour je le faisais rire plutôt que parce que je l'aurais séduit.

Certes il y a eu Tournesol à la fin de cette période-là. Tournesol qui m'a trouvée gentille, ensuite amusante, et puis... M'a-t-il trouvé jolie? Je crois que je ne le saurai jamais avec certitude, même s'il affirme parfois que oui. Toujours est-il qu'à l'époque de mes humanités, je savais que sur le marché des coeurs convoités, ma cote était loin d'être élevée :-)

Sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles j'ai du mal à tourner la page de cette période, et que les moments de retrouvailles que je vis maintenant, ces plongées dans le passé avec les témoins de cette période-là revêtent encore trop souvent l'apparence de revanches sur le destin. Et pourtant...

La semaine dernière, il m'est venu aux oreilles par le biais d'une confidence, des bribes d'une conversation d'homme à homme. Je sais depuis l'adolescence que les mecs ne sont pas toujours très nuancés quand ils évoquent le physique de la gente féminine. Pourtant, l'un des gars est revenu sur cette journée de retrouvailles d'il y a six mois pour évoquer le fait que, à son avis, les femmes avaient mieux supporté l'épreuve du temps que les messieurs. Et de pointer trois personnes. Trois personnes que le temps a embellies, trois personnes qui, s'il les rencontrait sans les connaître, l'auraient séduit immédiatement. Cet homme était, à l'époque, LE séducteur par excellence. Celui dont la cote était la plus élevée au regard de son tableau de chasse particulièrement fourni. Hé bien, cet homme qui, à l'époque, était à mille lieues de considérer ne serait-ce que mon existence (j'exagère un peu quand-même, mais il y a de ça), cet homme m'a, 20 ans plus tard, classée parmi les trois plus belles femmes du groupe!

Et ça, même si je sais que tout est relatif et que je suis lucide sur mon physique, même si pour moi l'apparence n'a pas énormément d'importance, le simple fait qu'un homme comme lui, 20 ans après, me considère comme à peu près séduisante en comparaison de mes congénères, rien que ce fait-là est, je le crois, de nature à me permettre de tourner enfin la page et à me réconcilier avec la séduction.

Comments

[emy]

toujours cet eternel problème du "je suis quelqu'un d'autre physiquement mais dans ma tête je suis la même" et toi tu continues à parler avec ton ancien physique...
t'as de la chance finalement de t'être embellie (je suis sure que tournesol t'avais trouvé déjà belle à l'époque, ce n'est pas le poids d'une personne qui lui retire tout son charme et sa beauté), moi j'ai l'impression que bien que je ne me trouve pas beaucoup changé depuis 10 ans, ben j'ai beaucoup moins de succès...
Mais bon j'ai encore du poids de ma grossesse à perdre et 5 kilos ça peut changer une façon de concevoir son physique...

[daviid]

je me retrouve dans ce que tu dis, j'ai passé mon enfance et mon adolescence à envier les autres, à vouloir me cacher devant leur regard. J'ai souvent des compliments sur mon physique, mais j'ai encore du mal à y croire à 30 ans. Un sourire ou un compliment me fait fondre.
Ca fait plaisir à te lire. J'essaie de noter mes petites victoires sur mon blog, tu peux venir me faire un coucou.